Publication scientifique


Le moustique-tigre, une préoccupation de santé croissante

À Lyon, des scientifiques se mobilisent pour trouver des solutions face à la prolifération du moustique-tigre en milieu urbain, source de nuisance et de plus en plus une préoccupation de santé publique.

Il refait surface chaque été, venant ternir l'arrivée des beaux jours. D'année en année, le moustique-tigre devient une préoccupation de plus en plus sérieuse pour les habitants, irrités par ses piqûres. Au sein de la Métropole de Lyon, 86% des habitants interrogées déclarent se sentir gênés par le moustique-tigre. C’est le résultat d’une enquête menée auprès de 4 000 personnes par des scientifiques dans le cadre du projet SERIOUS.
 

Projet SERIOUS, pour une approche collective face au moustique-tigre

Ce projet de recherche, combinant des observations sur le terrain et des expérimentations de laboratoire, vise à évaluer l’impact combiné des facteurs sociaux et environnementaux sur la prolifération du moustique-tigre en milieu urbain. Porté par Claire Valiente Moro, professeure au Laboratoire d’Écologie microbienne (LEM – CNRS/INRAE/Université Claude Bernard Lyon 1), ce projet prône une approche collective pour lutter contre le moustique-tigre. Car en effet, si beaucoup d'habitants agissent contre le moustique-tigre, ils considèrent aussi ces actions inefficaces révèle cette enquête.

Cette enquête fournit des pistes pour mieux cibler les actions à mettre en place. L’objectif ultime est d’aboutir à une réflexion collective pour la mise en place de préconisations à destination des habitants, des acteurs de la santé et de la ville, afin de créer un habitat peu favorable à la colonisation par le moustique. Les chercheuses projettent de poursuivre ces travaux autour d’approches participatives pour mettre en place des pièges à moustique-tigre.

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Des cas de dengue autochtone, une préoccupation de santé croissante

Au-delà des nuisances occasionnées – qui ne doivent pas être négligées –, la préoccupation des scientifiques est aussi l’enjeu sanitaire. Or, d'après l'enquête menée auprès des habitants, 83% des personnes interrogées considèrent le moustique-tigre avant tout comme une nuisance, et non un risque pour la santé. À peine la moitié d’entre eux savent que le moustique-tigre a été vecteur de maladies dans la Métropole de Lyon.

En effet, deux cas de transmission de dengue autochtone ont été identifiés en 2019 - c'est-à-dire que les patients ont contracté la maladie sans voyager dans un pays à risque. À l'aide de pièges disposés à moins de 100m de la résidence des personnes infectées, des chercheurs du Laboratoire Infections Virales et Pathologie Comparée (EPHE/INRAE/Université Claude Bernard Lyon 1) ont pu identifier des moustiques infectés par le virus. Une découverte majeure et une première en France hexagonale, permettant d'attester que le moustique-tigre est une espèce vectrice de la dengue. L'étude propose également un moyen innovant pour tracer le virus et suivre l’épidémiologie de la maladie facilement, rapidement et à moindre coût.

Cette étude indique que le virus circule en France métropolitaine via les populations locales de moustique-tigre. Elle montre l'importance de mettre en place des plans de lutte individuelle et collective vis-à-vis de cette espèce, mais aussi de sensibiliser les professionnels de la santé aux maladies transmises par les moustiques.

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Ces résultats montrent à quel point les recherches menées à l'Université Claude Bernard Lyon 1 sont, plus que jamais, en phase avec des préoccupations citoyennes bien actuelles.
Publié le 16 septembre 2024