Publication scientifique


La communication entre cellules joue un rôle clé dans les mécanismes de vieillissement

Dans une nouvelle étude parue dans la revue Aging, des chercheurs au Laboratoire de Biologie Tissulaire Ingénierie Thérapeutique (LBTI – Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS) ont identifié une activité spécifique des cellules de peau âgée qui seraient capables de transmettre aux cellules voisines un message pouvant affecter leur fonctionnement.

Avec le temps, tous les organes subissent une détérioration progressive de leur fonctionnement. Mais tous ne vieillissent pas au même rythme et tous les individus ne sont pas égaux face au vieillissement. Il s’agit en effet d’un mécanisme complexe aux causes multiples, comprenant une part génétique et une part environnementale.

« Certaines causes sont directement liées à des dysfonctions propres aux cellules qui composent l’organe (sénescence cellulaire, instabilité génomique, dysfonctions métaboliques, défauts de protéolyse), d’autres sont plus systémiques (inflammation chronique, défauts de communications intercellulaires, dysbiose) », explique Jérôme Lamartine, Professeur à l’Université Claude Bernard Lyon 1, dont les recherches concernent l’élucidation des mécanismes génétiques et épigénétiques contrôlant le fonctionnement de la peau.

En ce qui concerne la peau, son vieillissement se manifeste de différentes façons et pas seulement par l’apparition de rides. En effet, les dysfonctions de la peau âgée ont des conséquences bien plus délétères, avec des défauts qui touchent toutes les grandes fonctions de l’organe. « On observe ainsi une dégradation de sa fonction barrière, de sa fonction sensitive, mais aussi une mauvaise régulation des échanges entre le milieu extérieur et l’organisme. Enfin, sa capacité de régénération (cicatrisation) est amoindrie » poursuit le chercheur.

Parmi les causes possibles du vieillissement de la peau, Jérôme Lamartine et son équipe au Laboratoire de Biologie Tissulaire Ingénierie Thérapeutique (LBTI – Université Claude Bernard Lyon 1/CNRS) étudient notamment le défaut de communication entre les cellules de la peau.

Il existe en effet plusieurs modalités de communication entre cellules, dont la production de vésicules par des cellules donneuses, captées ensuite par des cellules receveuses. Ces vésicules acheminent un message moléculaire complexe qui peut modifier les propriétés fonctionnelles des cellules receveuses.

Dans une récente étude, les chercheurs ont étudié les effets du vieillissement chronologique sur ce mode de communication entre les cellules de l’épiderme, la couche externe protectrice de la peau.

En utilisant des cellules épidermiques issues de la peau de donneurs jeunes ou âgés, ils ont observé que les cellules issues de peaux âgées produisent une plus grande quantité de vésicules, dont le contenu moléculaire est différent de celui des vésicules de cellules issues de peaux jeunes. Le traitement de cellules jeunes avec des vésicules de cellules âgées diminue en effet leur capacité de prolifération, de migration et leur capacité à reconstruire un épiderme en trois dimensions. À l’inverse, les vésicules de cellules jeunes ne modifient pas sensiblement les propriétés des cellules âgées.

Ces résultats suggèrent que dans un tissu âgé, certaines cellules pourraient transmettre un message de vieillissement qui impacterait à distance le comportement des cellules voisines.

L’identification de ces cellules donneuses et le blocage de ce message délétère pourraient constituer une nouvelle piste thérapeutique pour ralentir le déclin fonctionnel des organes au cours du vieillissement.
 

Référence

Nedachi T, Bonod C, Rorteau J, Chinoune W, Ishiuchi Y, Hughes S, Gillet B, Bechetoille N, Sigaudo-Roussel D, Lamartine J. Chronological aging impacts abundance, function and microRNA content of extracellular vesicles produced by human epidermal keratinocytes. Aging. 2023.
https://doi.org/10.18632/aging.205245

Publié le 8 février 2024